jeudi 24 mai 2012

Guingamp: 15 ans de joies, 15 ans de galères

Nous sommes en 1995. Ma passion pour le football grandit. Comme beaucoup je suivais les résultats du Stade Rennais. Mais j'avais l'impression de ne pas avoir mon compte de passion, de ne pas avoir assez d'affinités envers ce club. J'aurais pu sombrer dans la facilité en choisissant d'aimer Nantes, Paris ou Marseille. Et puis un petit club est arrivé sur le devant de la scène en voulant se mesurer aux gros: L'En Avant de Guingamp. Un nom marrant, attachant. Un groupe de joueurs du coin sympas, un petit stade au nom improbable. Et une petit ville qui ressemble au village d'Asterix. C'est décidé, je mets le Stade Rennais de coté, sans savoir que j' allais recroiser ce club dans les meilleurs moments comme dans les pires. Mes idoles ne s'appeleront ni Romario, ni Ronaldo ni Baggio elles s'appelleront Coco Michel, Charly Coridon ou Lionel Rouxel. Le petit garçon de l'époque avait-il la moindre idée qu'il s'engageait pour une aventure émotionnelle de dingue et qu'il allait garder une fidélité jusqu'au boutiste pour ce club?

 

10 MOMENTS DE BONHEUR:

1) Obligé, le plus beau moment c'est la finale 2009. Une apothéose, un summum inimaginable, l'ambiance magique, le tifo du Kop, les deux buts d'Eduardo, Bassila et Colleau arrachant le trophée des mains de Sarkozy en tribune présidentielle. Ce fut irréel. Rien ne sera plus beau que de gagner une finale de coupe. (contre Rennes en plus). Mes 2 meilleurs potes sont à l'agonie près de moi, tout en haut du Stade de France mais j'm'en fous putain! C'est mon instant de gloire et je le mérite bien! ...tant pis pour les autres... J'étais au bord de l'évanouissement après tant d'émotions. Le lendemain la pression est retombée et j'ai chialé toute la journée. Tout aurait pu s'arréter là, ça aurait été le moment idéal pour prendre ma retraite et arréter toute cette folie, cela aurait évité bien des désillusions par la suite.
Le meilleur reportage sur cette journée magique, c'est ici: (clique!)

2) Demi-Finale Coupe De France: Toulouse-Guingamp 2009 (1-2) LA demi-finale qui est un prélude au triomphe. Et sans doute un des matchs les plus incroyables qu'il m'ait été donné de voir. Toutes les circonstances étaient contre nous : Penalty valable mais refusé, expulsion injustifiée, barre transversalle d'Eduardo... On semblait maudis mais on arrivera quand même à trouver les ressources pour marquer à 10 contre 11 à la dernière minute du match. Ce qui n'empèchera pas Gauclin de détourner magistralement la dernière tentative de Toulouse dans les ultimes secondes. Ce soir là, Hitchkock était dans les tribunes et il voulait qu'on aille au Stade de France. Tant d'adrénaline m'avait causé une nuit blanche. Et le lendemain j'avais partiels d'Histoire ancienne... RAB.

3) Demi-Finale Coupe de France: Guingamp-Montpellier 1997 (2-0) Je me souviens avoir attendu le match toute la journée en comptant les heures. Un match maitrisé de bout en bout. Un premier but de Wreh, un second de Carnot sur un magnifique lob. Pour la première fois on allait en finale de coupe à Paris. Et rien ne devait nous empécher de la gagner ! Sauf que..

4) Ligue 1: Rennes-Guingamp 2000 (1-2) Vu avec mes potes Mathieu et Vincent (déjà..) Un doublé improbable de Fiorèse, le second est une frappe qui finit en lucarne sous mes yeux médusés. En seconde mi-temps, j'étais le seul mec à brailler "Allez Guingamp" dans la tribune Mordelles. J'ai fini le match un peu molesté et la capuche de ma parka fut arachée (le rennais est lâche: il attaque par derrière)... mais j'en avais rien à branler. J'étais trop content.

5) Ligue1: Guingamp-Rennes 2002 (3-0) Le duo Drogba-Malouda marche sur l'eau et fait exploser le Stade Rennais. Le Roux parachève la synphonie en lobant le double-mètre de Petr Cech. BAM ! On est leader de Ligue 1. Ni plus ni moins...

6) Ligue1: Dénouement de la saison 2003. Matchs contre Monaco et Lyon. Cette année là, ces 2 clubs se disputaient le titre. Guingamp allait être l'arbitre du duel en jouant contre les 2 équipes lors des 2 derniers matchs. Résultats sans détails : Victoire 3-1 contre Monaco et 4-1 contre Lyon. Petit regret quand même: On finit à seulement 6 points du leader et à 3 points de la Champions League. On aurait pu faire encore mieux sans un mois de Janvier gaché...

7) Ligue1: Guingamp-PSG 2003 (3-2) Un des symboles de notre saison de feu. Le PSG mène 2-0 à la mi-temps grace à Ronaldinho qui marque le but de l'année en se tapant toute notre défense. Puis, on inverse la tendance en marquant 3 pionts en seconde mi-temps. On a ridiculisé Paris.

8) Ligue1: Guingamp-Troyes 2002 (2-0) Dernier match de la saison, un couperet pour le maintien. Carnot assure l'essentiel. La conclusion d'une saison vraiment pas brillante mais quel soulagement.

9) Centenaire du club en mai 2012. Dernier match à domicile de la saison de L2 gagné contre Clermont. Au delà de l'enjeu sportif inexistant, ce fut une fête sublime. Le kop avait confectionné des tifos de malades recouvrants l'ensemble des tribunes. Ce fut aussi l'occasion de revoir toutes les vieilles gloires de revenir sur le théâtre de leurs exploits. Etaient également présents Malouda et Drogba venus spécialement de Londres pour l'occasion. Une semaine plus tard ils remportaient la finale de la Champions League à Munich. Check ici: C'est le TUMBLR de la soirée: http://centenaire-guingamp.tumblr.com/

10) Coupe Intertoto: Guingamp-Rotor Volgograd 1997 (1-0) Un but exceptionnel de Carnot (encore lui): un corner direct qui finit miraculeusement dans la lucarne du gardien de l'ex Stalingrad. Surtout, cette victoire nous donnait le droit de jouer contre l'Inter Milan au tour suivant. La classe...


                          

10 MOMENTS DE SOUFFRANCE:

1) Guingamp-Ajaccio 2010. La descente en National un an après la victoire en coupe de France. Le plus gros fiasco de notre histoire. La grosse honte. Ce qui pouvait arriver de pire. Une ambiance géniale en 1ère mi-temps qui devint mortuaire en seconde lorsque tout le monde avait comprit que l'inévitable allait se produire... La fin du match fut détestable: la colère des supporters contrastait avec les sponsors des nouvelles loges qui continuaient quand même à se gaver de petits-fours et de champagne. La seule fois où j'ai eu envie de bruler le stade et mon maillot. Symbole de cette bérésina : le tandem Scarpelli-Grax pathétique et apathique, le pire duo d'attaquants à avoir évolué au Roudourou.

2) La descente en L2 1998. Un scénario de folie. Guingamp était à la lutte pour le maintien avec Rennes. Les 3 derniers matchs contre Rennes, Le Havre et Cannes allaient se jouer au couteau. On pensait avoir fait le plus dur en allant encore battre Rennes chez eux (grâce à Carnot et Rouxel). Mais la semaine suivante Cyrille Pouget (alors havrais) en décida autrement en nous crucifiant lors de l'avant dernière journée d'un but tout pourri. (Ballon entre les jambes de Ronald Thomas, qui roule lentement vers le but, Mihali tente un tacle desespéré mais il ne fait qu'accompagner le cuir dans les filets.) C'est finalement Rennes qui s'en sortira lors de la dernière minute du dernier match en battant Toulouse alors que la relégation leur semblait pourtant promise. Notre dernière victoire compte pour du beurre. Kaba Diawara et Rennes nous envoient en L2. On est les dindons de la farce...

3) Ligue1: Guingamp-Rennes 2001 (1-6) La plus grosse branlée de notre histoire et il a fallut que ça tombe contre eux. Humiliés, ridiculisés, atomisés... les qualificatifs manquent. Et le lundi matin, au bahut, fallait assumer ça... j'en ai prit plein la gueule. Trois semaines plus tard on perdait 6-2 contre Lorient, une déroute en 2 sets.

4) La descente en L2 2004. La saison fut ratée du début à la fin. Un recrutement foireux qui fut le premier d'une longue série (pour rappel, cette année là on avait fait venir une belle bande de branques: André, Goussé, Laspalles, Fuentes, Cabanas). Un pénalty importantissime raté par Dagano contre Metz. Les boulettes de Le Crom contre Auxerre. L'élimination en coupe contre une CFA... un cauchemar qui dura un an. L'ultime défaite du calvaire sera à Marseille. Ce soir là, ce gros con d'Anigo se réjouit publiquement de notre malheur et se moque ouvertement de notre poire. Depuis ce jour je déteste l' OM à vie. Il m'a donné envie de devenir sympathisant du PSG.

5) Finale de coupe de France 1997. Nice-Guingamp (1-1, 4-2 aux TAB) La coupe nous tendait les bras et on foire notre match. Symbole de ce ratage: Nos 2 plus valeureux guerriers: Coco Michel et Carnot manquent leurs tirs aux buts et c'est Chirac qui donnera la coupe à Valencony. Une partie de cette déception sera lavée 12 ans plus tard mais ça reste quand même un grand rendez-vous manqué.

6) Demi-Finale Coupe de France 1998. PSG-Guingamp (1-0) Régardé en crypté sur Canal + faute de mieux. Un an après la finale ratée, on perd en demi-finale, non sans avoir démérité mais en gaspillant des forces précieuses pour la bataille du maintien. Cette année là on aura décidemment tout perdu.

7) La première année en L2 en 1999. Pour digérer la première descente, on fait un coup médiatique en recrutant un ballon d'or qui se révélera être une belle arnaque. Pas concerné par le défit, JPP se cassera 3 mois plus tard. On devait remonter, il faudra se contenter du ventre mou en se tapant une bonne crise à l'automne qui tourne en un psychodrame indigne de nos valeurs. Un changement de président. Smerecki en fera les fraits en se faisant virer comme un malpropre. Il méritait pas ça.

8) Demi-Finale Coupe de la Ligue: Guingamp-Metz 1996 (1-2). "Nan maman je ferais mes devoirs plus tard, y'a Guingamp à la télé!!!" Lors de notre première année en L1, on a l'occasion de jouer une demi-finale de CDL à domicile. L'émulation régionale autour du club était à son comble et tout semblait réunit pour jouer pour la première fois une finale à Paris. Malheureusement les P.P flingueurs sont trop forts. Pirès marque, Gravelaine égalise avant la mi-temps mais Cyrille Pouget élimine le club en fin de match. (Encore lui ! Mais bordel! qu'est ce qu'on lui a fait à Pouget???) Finalement la bonne idée aurait été de faire mes devoirs ce soir là...

9) National 2010/2011: Guingamp-Bastia. (2-5). Ce soir là on n'était pas au niveau pour jouer la remontée immédiate en L2. Un match disons... heurté et malsain. Environ 200 fautes et accrochages dans le match. Menée 1-0 l'équipe revient bien en marquant 2 fois mais s'écroule en encaissant 4 buts en 15minutes. Un match qu'on aurait du gagner se transforme en une sévère branlée. Je l'ai mal prit, les 100 bornes habituelles du trajet de retour ont été plus longues que jamais.. Il y a surtout un gout amer dans la bouche qui laisse penser que l'avenir est incertain. On pourrait très bien s'encrouter dans l'amateurisme en jouant tous les ans contre Alforville ou Joué-les-Tours. Ce soir là j'ai eu peur, très peur ! Heureusement l'avenir me donnera tord.

10) Guingamp-Hambourg 2009 (1-5) Retour en Coupe d'Europe 12 ans après. Des hordes d'allemands bruyants dans la ville, c'était sympa! Une ambiance exceptionnelle. Une hystérie collective après le but d'Yves Deroff. Mais une sévère rouste à l'arrivée quand même et une belle honte devant la France du foot.


                   

LES INCLASSABLES :

Guingamp-Montpellier 1996 (0-0) Mon premier match au stade. Moche, ennuyeux, sans buts ni occasions. Mais que j'étais content ! Et je peux me vanter d'avoir vu un match dans l'ancien Roudourou. Celui ou des buttes de terres faisaient office de tribunes. Et où le kop était en Honneur. C'était aussi le premier match du roc Marek Jozwiak. Le début d'une admiration pour le grand échalas polonais.

Guingamp-Auxerre 1996. (1-1) Dernière journée du championnat. L' AJ Auxerre, notre club modèle devient champion de France chez nous. Gérard Depardieu (dans sa période supporter de foot) dit de notre public que c'est le meilleur de France. OK, il était à moitié bourré mais ça a fait le tour des télés.
Guingamp-Inter Milan 1997 (0-3) Match de gala en Coupe d'Europe. Et on est loin d'être ridicule. On domine le match mais Rouxel rate ses duels contre Pagliuca. Finalement on paume en se prennant 3 buts en contre... naîvement contre des italiens, forcément... Mais Zanetti, Djorkaëff, Zamorano au Roudourou ça avait quand même de la gueule.

Guingamp-Grenoble 2005. Dernier match de Coco Michel. En 19 ans de carrière, il n'aura connu qu'un seul club, le notre. D'une fidélité à toute épreuve, il fut une exception dans le monde du football moderne pourrit par l'argent et les mercenaires. Plus qu'un joueur, c'est une emblème, un symbole qui s'en va. Le stade était plein comme un oeuf pour féter le départ en retraite du "Didier Deschamps de Carhaix". Porté en triomphe pendant de longues minutes sur les épaules des autres joueurs, cela reste un grand moment d'émotion ... et l'impression dans toutes les têtes que c'est la fin d'une ère.

Guingamp-Luzenac 2010 (4-1) Un match de National dans un stade au 3/4 vide sous -5°C. Contre une équipe que personne ne connait et que personne ne sait situer sur une carte géographique. On gagne le match certes, mais sérieux putain qu'est ce que je fous là ???