dimanche 1 septembre 2013

J'ai vu Fribourg-Mayence en live



Ma meuf est trop cool, elle sait me prendre par les sentiments. De passage dans la région, elle m'offre 2 billets pour l'affiche du ventre mou de cette deuxième journée de Bundesliga: Fribourg-Mayence. Certes c'est pas l'affiche du siècle mais cela fleure bon l'authenticité et la bonne bataille sur le terrain. Je reste convaincu par ailleurs que c'est en assistant à un match de milieu de tableau que l'on peut jauger la santé d'un club et du football local.

14H15. Arrivée au Mage Solar Stadion, un stade à la fois avant-gardiste et old school de 25.000 places un peu à l'écart de la jolie ville de Freiburg, au milieu de la forêt noire. Il est avant-gardiste car le stade est quasiment auto-suffisant en électricité, grâce à des panneaux solaires et des centrales photovoltaïques. Old school de part son architecture traditionnelle à l'anglaise, les tribunes étant de plus extrêmement proches du terrain.
45 minutes avant le coup d'envoi, le stade est déjà plein comme un œuf. Les buvettes et les stands de saucisses tournent déjà à plein régime. On s'aperçoit aussi que le club a sûrement vendu plus de billets qu'il n'y a de places dans le stade. Beaucoup de gens se cherchent désespérément une petite place dans la foule.
Les deux kops derrières les buts sont des tribunes à placement libre et dépourvues de sièges (une tradition Allemande). Il va donc falloir se serrer et jouer un peu des coudes pour voir le match. Ce ne sera pas évident, mais à l'heure où l'ambiance dans les stades français devient de plus en plus aseptisée (à quelques exceptions près) cette ambiance allemande respire le football populaire du samedi, le football vrai. Celui où le soutien en tribune est fidèle et bruyant, où ça picole joyeusement et où ça pue la sueur.




Les mecs de Mayence sont venus en nombre dans leur parcage et braillent. Le clip officiel de l'hymne du SC Freiburg est diffusé sur les écrans géant, reprit en cœur par tout le stade et le moins que l'on puisse dire c'est que ça a de la gueule! Le tout étant bien bouillant et bon enfant.



Question vision, il faudra parfois se contenter d'une moitié de terrain. Heureusement, nos voisins font de fréquents aller-retour pour remplir leurs gobelets de la bière locale, pas dégueulasse par ailleurs. (Ai-je précisé qu'interdire l'alcool dans les stades serait un crime en Allemagne).
Sur le terrain la domination de Fribourg est stérile. Le cinquième du dernier championnat ne développe qu'un jeu peu attrayant pour une équipe qualifiée pour l'Europa League. Mike Hanke et Gelson Fernandes déçoivent. Près de moi, un papy sniffe du kif pour avoir sa dose de passion. Les autres préfèrent se rabattre sur la bière pour oublier.
Comme souvent dans ces cas là, Mainz agit froidement et claque deux cacahuètes au retour des vestiaires grâce à sa triplette offensive percutante Müller / Okasaki / Zimling.
Freiburg se met alors enfin à pousser après ce début de deuxième mi-temps apathique. Sebastian Freis, l'espoir local réduit le score. La Südtribüne et la Nordtribüne sont en fusion. Le papy, qui en est à sa troisième pinte, nous en claque cinq et commence à accoster ma gonzesse. Freiburg pousse timidement mais ce ne sera pas suffisant malgré une grosse occasion en fin de match. Mainz l'emporte et devient coleader de Bundesliga. Ses fans exultent. Tout le monde reprend une bière. Qu'importe la défaite, la Bundesliga c'est définitivement de la balle.
Papy reprend une sniffée de kif, il avoue qu'aujourd'hui le jeu fut un peu moche. Mais il nous réserve nos places pour le prochain match en promettant que ce sera bien mieux dans deux semaines face au Bayern.
Et il avait raison ce con. Le SCF arrachera le nul (1-1) dans les derniers instants face aux champions d'Europe en titre.


samedi 16 février 2013

Malbouffe et conséquences.

Autant que je me souvienne j'ai toujours mis les mains dans la bidoche.
Cela pourrait inspirer de la répulsion à la plupart des gens mais en ce qui me concerne, la viande crue ne me dégoûtait pas, je m'en foutais. Le métier de boucher est mal considéré, c'est dommage car ce n'est qu'une question d'habitude. Depuis mon plus jeune âge j'ai toujours eu ce contact avec la viande. Tous les 6 mois environ, mes parents et mes grand-parents tuaient le cochon. J'avais 5 ans que je voyais déjà mon père et le boucher de campagne découper la grosse bestiole en morceaux dans une vieille remise de la ferme. Après j'aidais aussi ma maman à faire le pâté et la saucisse. On en partageait un morceau avec les voisins. C'était de bon moments et c'était quand même surtout de la putain de bonne bouffe.
Pour moi c'était pas dégoûtant, c'était naturel et c'était même parfois vachement marrant.


Il y a quelques années, j'ai bossé dans une petite charcuterie industrielle. Dans le coin, y'en a pas mal. Ces entreprises sont même quelques-unes des principaux pourvoyeurs d'emplois de la région. J'y allais pendant les vacances d'été quand j'étais étudiant. Et puis j'y suis retourné pendant 2 années entières quand j'ai divorcé de la fac. J'y ai appris le travail, à connaître plein de gens différents. J'ai été aussi au contact d'une autre forme de transformation de la viande...
Cette usine a depuis toujours détenu la réputation de faire des bons produits. Et je dois avouer qu'au début c'était quand même le cas. Alors bien sûr la qualité était moindre que le cochon de pépé, il y avait quelques méthodes industrielles parfois étranges... mais rien de très choquant éthiquement parlant.

Et puis lors de ma dernière année là-bas, un nouveau directeur s'est pointé. Et tous les procédés industriels ont changé. J'ai vu des camions de marchandises espagnoles arriver alors que les éleveurs porcins du coins n'arrivaient pas à vendre leurs animaux. J'ai senti la puanteur qui accompagnait ces chargements. (la chaîne du froid ne devait pas être super bien respectée...) J'ai marqué ces jambons avec un tampon les labellisant comme étant une viande élaborée en France.
Et j'ai vu le répugnant, le choquant. Chez nous il n'y avait pas de gaspillage. Les invendus, la viande cabossée ou mal conditionnée, les retours clients étaient tous rassemblés, mixés et mélangés à une solution salée et épicée: la saumure. Cette saumure de la honte était ainsi administrée dans chaque jambon "conforme" grâce à une énorme machine: un injecteur géant qui ponctionnait chaque pièce de viande grâce à des aiguilles. C'était légal à partir du moment où cette bouillie infâme ne dépassait pas 10% du poids total de la composition de la pièce de viande. Notre entreprise a vu ses chiffres s'améliorer. On a eu un plus gros cadeau à Noël. Tant pis pour la bonne conscience. Perso, j'ai eu honte et j'ai tourné de l'oeil plus d'une fois.


A chaque scandale sanitaire ou agro-alimentaire le grand public semble tomber des nues lorsqu'il découvre les conditions d'élaborations des produits. Aucune leçon n'a été tirée des scandales précédents. On trouve du cheval dans les plats préparés au boeuf sans connaître la traçabilité de l'animal. Findus qui a changé 3 fois de directeur en 2 ans: ce qui entraîne des politiques de réduction de coûts, donc appel à des sous-traitants douteux... Le même scénario que dans ma charcuterie. Coïncidence...
Par ailleurs l'UE profite de ce scandale pour autoriser en loucedé le retour des farines animales pour les élevages de poissons. Dans une Europe en voie de se paupériser, la bouffe low-coast a encore de beaux jours devant elle.
J'ai vu mes parents en chier et maintenir tant bien que mal leur bateau à flots lors de chaque crise sanitaire et agricole: vache folle, fièvre aphteuse, grippe du poulet, grippe porcine. Aujourd'hui les contrôles sont toujours plus grands envers les éleveurs... et toujours plus laxistes envers les industriels qui paradoxalement continuent à avoir le droit de faire à peu près tout ce qu'ils veulent. Ces contrôles sont mêmes totalement inexistants envers cette nuée d'intermédiaires parasites qui s'engraissent sur le dos des producteurs en toute impunité. Les règles ne sont pas les mêmes pour tous... est ce bien surprenant ?

-"Pour votre santé: bougez plus!"
-" Pour votre santé évitez de manger trop gras trop sucré trop salé!"
Si ce sont les seuls conseils que recommande le ministère de la santé pour notre nutrition, on a le temps de crever 1000 fois. Et si la Findus monde était en marche?


dimanche 27 janvier 2013

Le petit boiteux et l'adipeux. (les fort(e)s en gueule)

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   Aujourd'hui c'était mon premier jour de travail. Et aussi le premier jour de ma nouvelle vie. A seulement 16 ans, je suis déjà un homme. Ce matin je me suis bien coiffé et j'ai mis une cravate. Elle est vieille et usée mais elle me donne un semblant de prestance que je n'avais jamais imaginé avoir. A la mort de mon père, Eddy Wallace m'a promis ce poste. Il devait se sentir coupable que mon père ait payé de sa vie pour ses magouilles. Me trouver un job, c'était la moindre des choses... Le gros Wallace c'est l'homme d'affaire influent du quartier qui contrôle presque tout. Désormais, je vais lui rendre de menus services, je vais faire le café et servir de coursier à l'occasion. Le salaire est mince mais désormais, il va falloir que je subvienne aux besoins de la famille.
   Pour fêter mon premier jour, les gars m'ont entraîné dans leur endroit favori. Des rires, des cris, du jazz assourdissant et festif, des gens bien habillés, et des femmes si belles... Je n'avais jamais vu ça. L'ambiance était fantastique, je suis entré dans un autre monde. Pourtant j'avais loin d'avoir l'âge légal pour entrer. Le barman n'a rien dit, il s'est contenté de saluer mes nouveaux amis. A Sydney en 1927, la police est débonnaire, elle ne s'aventure pas dans les endroits fréquentés par des gens louches. Elle se contente de compter les homicides.
   Les gars se sont moqués de moi. Ils m'ont fait boire, et leurs moqueries se sont accentuées. J'ai commencé à être ivre. Je me suis senti fort et j'ai ressenti de la confiance en moi, comme rarement. En me levant j'ai aperçu Wallace non loin de moi, ivre lui-aussi, entouré de sa cour il prend du bon-temps comme toujours. Je ressens de la haine envers cet homme. Je vais me venger de celui qui est responsable de la mort de mon père. Et je le regarderais mourir lentement. Puisque je suis devenu son larbin attitré, je mélangerai du verre pilé à sa nourriture tous les jours. Il souffrira des mois entiers jusqu'à ce que son estomac et ses boyaux soient perforés de partout et qu'il crève comme un chien. Les médecins seront circonspects, on ne remontera jamais jusqu'à moi.
   Le sourire aux lèvres je titube jusqu'à la sortie, ma choppe à la main. Dehors, un faux dandy prétentieux me dévisage. Je suis immédiatement jaloux de lui. Il chuchote quelque chose à sa maîtresse. Ils rient. J'imagine qu'ils se moquent de ma veste fripée, de mon allure claudicante. De rage et sans réfléchir, je lui écrase ma choppe sur le crâne. Son visage se couvre de sang. Ce sale snob hurle comme un goret, ce qui décuple ma haine. De rage, je le jette à terre. Je lui assène de violents coups de pieds au visage. Je lui hurle que je mérite le respect. Que je ne serais plus jamais le petit boiteux de Helm Street. J'entends des os craquer. Tout semble irréel. Et je me sens libéré. J'exprime ma vraie nature. Je me sens être moi-même. Je ne serais jamais un larbin comme mon père.
   Tout ce bruit a attiré plein de gens. Je suis ceinturé. Envoyé chez les flics. Là-bas Wallace m'a envoyé son meilleur avocat. Il me remercie pour mon coup de folie. Il paraît que j'ai amoché un conseiller municipal qui devenait génant. Ma victime empêchait mon nouveau patron de réaliser quelques affaires immobilières juteuses. Cela n'empêchait pas ce conseiller d'être corrompu jusqu'aux os mais il ne fricotait pas avec les bonnes personnes... Il s'en sortira mais il sera sans doute défiguré. Je vais sans doute devoir passer quelques années à l'ombre. L'avocat m'a promis que je serais protégé en prison par des amis de Wallace. Les flics me prennent en photo. Devant l'objectif l'ironie de la situation me fait presque sourire. J'ai gagné la confiance du gros patron. Il ne se doute pas que je rumine ma vengeance et que je l'attends avec impatience. Bientôt le petit boiteux regardera crever à petit feu l'adipeux.

Le concours a été organisé ICI. Je ne gagnerai pas car je suis hors délais (une chose récurrente chez moi). Mais j'ai tenu à écrire sur ce petit mec. Il m'a inspiré.

jeudi 22 novembre 2012

Surveillant

Depuis la rentrée scolaire, je suis surveillant dans un petit collège de campagne de 520 élèves. Pour la première fois de ma vie je me lève le matin pour faire un job que je n'ai pas choisi par défaut. J'aime à nouveau travailler et ça fait bizarre. C'est une sensation que j'avais oublié. J'aime le contact avec les ados. Je kiffe ce travail.

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Le centre Bretagne n'est pas considéré comme la région la plus chaude. On pourrait même penser que c'est un coin bien tranquilou pour planqués. D'ailleurs lors de la rentrée du personnel, notre nouvelle principale (qui a passé 20 ans dans l'académie de Créteil) nous avouait à demi-mot qu'elle se sentait presque en vacances dans nos charmantes contrées...
...Mais mal lui en a pris. Ici il faut gérer tout un tas de cas particuliers et une floppée de gamins paumés, je n'aurais d'ailleurs jamais pensé qu'il puisse y en avoir autant... Un lieu si tranquille implique aussi certains inconvénients et particularismes. Ici on est loin des villes, on est loin de la mer, on est loin du paysage de carte postale que l'on garde parfois de la Bretagne. Le bassin d'emplois est composé d'industries agro-alimentaires et d'exploitations agricoles. Certains gamins n'ont pas vu grand chose dans leurs vies à part des vaches et des champs. Pour eux, le collège est sans doute le seul contact qu'ils ont avec le savoir. Car il faut avouer c'est un peu la misère culturelle dans le coin. A la vie scolaire on est amené à connaître des contextes familiaux bien particuliers et on doit agir en conséquence. Il y a des gosses dont les parents n'ont pas le permis de conduire et qui se morfondent. D'autres sont en familles d'accueil et ne voient que rarement leurs vraies familles. D'autres vivent dans un climat familial pourri par la violence qu'elle soit physique, verbale ou sociale. Certains gosses ont le droit d'en avoir marre. Tu t'en rends compte par exemple quand les familles du père et de la mère se donnent rendez-vous devant les grilles du collège pour se foutre sur la gueule.
Et puis il y a ceux qui d'après ma boss sont de plus en plus nombreux: ceux qui ont un "handicap social". Ces gamins aux profils similaires sont à l'origine de beaucoup de conflits. Ils sont centrés exclusivement sur eux-mêmes, se parlent tous seuls, se tapent dessus, ils n'ont aucune notion de l'autorité, ils mangent du papier pour que tous les regards soient centrés sur eux. Ils foutent les boules.


  

  Je ne le cache pas: j'ai des chouchous. Robin en fait partie. Il me colle toujours. Il parle de tout et il s'intéresse à tout. C'est un des élèves les plus populaires. Robin a une bonne bouille,l'oeil malicieux, il est extrêmement sociable. Tout le monde l'adore. Même les profs... malgré le fait qu'ils s'arrachent les cheveux sur son cas. En classe il est insupportable d'inattention et de dissipation. Il flirte dangereusement avec la commission de discipline. Quant à ses notes elles sont catastrophiques. L'idée qu'il était peut-être surdoué a éffleuré l'esprit de certains. Les tests ont montré que non. Je suis persuadé que c'est un artiste qui n'a pas encore trouvé sa voie. J'espère qu'il la trouvera.
Il y en a aussi Mathieu: un gamin génial pendant 90% du temps. Une tête rigolote, un rire communicatif, il aime étudier et est toujours demandeur pour qu'on l'aide à faire ses devoirs. Mais il arrive qu'il se métamorphose et fasse des crises de nerfs. Ses yeux changent, il se sent persécuté par le monde entier et cogne sur tout ce qui bouge. Il faut empécher le pire, le raisonner, lui parler encore et toujours tout en ayant l'impression qu'on se heurte à un mur. Je sais pertinemment que cela finira mal. Je pense même qu'un jour je prendrais sans doute un ou deux gnons dans la tronche. Et je ne serais même pas capable de demander une sanction contre lui. Il grandit dans la violence, chez lui c'est la zone. Il parait même que sa mère est capable de venir faire sa loi dans la cour du collège. Elle a déjà fait ça l'an passé et elle le refera sans doute. La tempête arrivera un jour.

Il faut aussi gérer cette putain de période qu'est l'adolescence. Cette époque où leurs hormones les rendent débiles et les poussent à faire n'importe quoi. Mythomanie extrême, bastons, trafic de clopes, d'alcool, simulation d'une sodomie sur une élève de 6ème... On a eu droit à tout ça depuis 2 mois. Ces gosses sont odieux et vachards entre eux. Celui qui est différent de la masse: le fameux "bolos" en prend plein la gueule. Les populaires en haut de la hiérachie sociale de la cour du collège veulent tout se permettre, ils se croient "intouchables". Il arrive même parfois que les victimes de leur folie des grandeurs soient les profs. Et cela peut aller très loin. Les rumeurs sont constantes dans la cour et une foi les grilles du collège fermées, elle se poursuivent sur internet. Le summum a été atteind lorsque la "princesse" du collège a accusé son prof de physique d'être un pervers qui la suivait jusque chez elle. S'en suivit une semaine de psychodrame. Des accusations maintenues devant les flics. Un prof ravagé. Des élèves en furie. Des rumeurs surgissants de partout... Et le personnel en plein doute. L'atmosphère était irrespirable jusqu'à ce que le pot aux roses fut découvert... grâce à Facebook. Une bonne âme fit une capture d'écran des aveux, ce qui nous empècha de passer au journal de 20H dans la rubrique "faits divers". La coupable fut renvoyée, le prof fut innocenté mais sa réputation restera salie pour un bon moment. Désormais dans la cour la chasse au traitre est ouverte. Celui qui a osé faire tomber la princesse du collège de son piédestal va devoir payer. Ils vont être sans pitié, vont vouloir le tailler en pièces et se disputer les restes...


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Tu te crois courageux? Et bien essaye de te coltiner ces gamins! Ils ne rèvent que de voir le monde brûler...

vendredi 16 novembre 2012

Tamara Drewe

MARIVAUDAGES EN CAMPAGNE ANGLAISE.

2010. Stephen Frearsavec Gemma Arterton, Roger Alam, Bill Camp, Dominic Cooper.

Avec son nez refait, ses jambes interminables, son job dans la presse people, ses aspirations à la célébrité et sa facilité à briser les coeurs, Tamara Drewe est l'Amazone londonienne du XXIe siècle. Son retour au village où vécut sa mère est un choc pour la petite communauté qui y prospère en paix. Hommes et femmes, bobos et ruraux, auteur de best-sellers, universitaire frustré, rock star au rancart ou fils du pays, tous sont attirés par Tamara dont la beauté pyromane et les divagations amoureuses éveillent d'obscures passions et vont provoquer un enchaînement de circonstances aussi absurdes que poignantes.


Parfois on tombe sur un petit coup de coeur dont on ne comprend pas comment il nous avait échappé jusque là. On découvre de manière inattendue un petit bonbon acidulé que l'on a envie de croquer comme les fesses de Tamara dans son mini-short (...hum je m'égare... mais quand même: mate un peu!) Gemma Arterton est craquante. Cette fille est mille fois plus canon que la pouffe siliconée Jessica Simpson dans "Shérif..." Car là où je veux en venir en disant ça, c'est que la vraie Daisy Duke contemporaine: et bien c'est Gemma/Tamara quoi! Y'a pas de doutes! Bref... arrêtons de comparer ce qui n'est pas comparable, arrêtons de comparer les navets avec les bombecs.

Donc hier j'ai vu Tamara Drewe, une comédie de moeurs adaptée d'un roman graphique de Posy Simmonds. Un joli petit film piquant à la finesse et à la subtilité so british. L'idiot que je suis avait ce bijou depuis des semaines dans son disque dur. Pourquoi ne l'ai-je pas visionné avant ? ça m'aurait pourtant évité quelques petits coups de blues... Car je me suis sentie chez moi en regardant ce film. Je me suis sentie dans un environnement familier et apaisant. Le film a pour cadre une maison d'écrivains dans la campagne anglaise qui va sombrer dans le chaos avec le retour d'une jeune journaliste du voisinage. Ceux que j'appelle les "bobos bouseux" et les intrigues d'un petit village forment en plus une atmosphère que je ne connais que trop bien.

J'ai un goût prononcé pour les ingénues provocatrices, ces reines du village que l'on regarde avec envie ou jalousie. J'aime les écrivains-séducteurs en carton qui passent pour des sommités dans leur milieu restreint. J'aime les rock-stars losers, benêts et snobs. J'aime les ragots qui circulent vite au sein d'une micro-société (et puis les histoires de coucheries, ça met toujours du piment quand on s'emmerde dans un village). Les pisseuses de 15 ans m'ont toujours fait rigoler: ces groupies admirant les paillettes, en décalage total avec leur environnement campagnard dans lequel elles se morfondent. J'aime aussi l'honnête homme un peu frustré mais qui tient à couper son bois droit dans ses bottes. J'aime les glandeurs paumés mais qui retrouvent l'inspiration au contact de la nature, en fantasmant sur la crémière. J'aime les vaches aussi. Je kiffe les waches.


  Les personnages sont attachants. Plusieurs formes de comiques sont réunies et le scénario est bien ficelé. Tout cela forme un petit univers dans lequel on se complaît. On regarde "Tamara Drew" comme un bon vaudeville de boulevard. On en ressort enjoué. Une véritable friandise, je vous disais.

mercredi 31 octobre 2012

The Dark Knight Rises

THE LEGEND ENDS

2012. Christopher Nolanavec Christian Bale, Tom Hardy, Michael Caine, Gary Oldman, Morgan Freeman, Anne Hathaway, Joseph Gordon-Levitt, Marion Cotillard.

Il y a huit ans, Batman a disparu dans la nuit : lui qui était un héros est alors devenu un fugitif. S'accusant de la mort du procureur-adjoint Harvey Dent, le Chevalier Noir a tout sacrifié au nom de ce que le commissaire Gordon et lui-même considéraient être une noble cause. Et leurs actions conjointes se sont avérées efficaces pour un temps puisque la criminalité a été éradiquée à Gotham City grâce à l'arsenal de lois répressif initié par Dent.
Mais c'est un chat – aux intentions obscures – aussi rusé que voleur qui va tout bouleverser. À moins que ce ne soit l'arrivée à Gotham de Bane, terroriste masqué, qui compte bien arracher Bruce à l'exil qu'il s'est imposé. Pourtant, même si ce dernier est prêt à endosser de nouveau la cape et le casque du Chevalier Noir, Batman n'est peut-être plus de taille à affronter Bane…



Long Haloween, ma BD préférée,
et qui a aussi inspiré Nolan.

J'aime Batman. Ce héros sombre et torturé me fascine depuis mes 13 ans. C'était pourtant l'époque où les deux monstruosités de Joël Schumacher squattaient les salles de ciné. L'univers de Batman était devenu une farce. Pendant ce temps, l'ado que j'étais découvrait les comics de Miller, Moore, Doug Moench, se familiarisait au concept des "Legend of the Dark Knight" et attendait frénétiquement la parution trimestrielle du prochain volume du "Long Halloween" de Loeb/Sale. Je me souviens avoir espéré plus d'une fois qu'un jour, un réalisateur retranscrira avec exactitude ma vision du chevalier noir. Batman pourrait alors évoluer dans un monde sombre, réaliste et chaotique. Et puis cet éventuel réalisateur ne prendra pas les fans du Batman au mieux pour des gamins farfelus, au pire pour des décérébrés ou des gays refoulés. (ouais Joel Schumacher nous prenait vraiment pour ça!)
Même si j'adore les deux films de Burton et le dessin animé culte de Bruce Timm, j'ai également vite compris que les meilleures BD de Batman étaient des polars diaboliquement ficelés qui mériteraient de servir d'inspiration à un visionnaire (là je ne me doutais pas que l'avenir allait dépasser mes espérances). J'en suis aussi arrivé à la conclusion qu'il ne suffisait pas de faire venir Batman dans un univers personnel et gothique pour retranscrire pleinement la complexité des productions papier génialissimes des 90's. Burton, bien qu'ayant sa propre vision intéressante du personnage n'a jamais été pour moi une référence ultime. Car le problème de Burton est là: il se contente souvent de faire venir les personnages dans son propre petit univers sans explorer leurs psychologies. Il ne va pas à eux, il ne leur offre pas la dimension épique qu'ils méritent.

Il est chose ardue d'enchaîner après la perfection...


I miss you ! 

En 2005 Christopher Nolan est arrivé avec son prometteur "Batman Begins", j'ai alors constaté que ce mec avait compris beaucoup de choses dans l'appréhension du héros et de son environnement. Et puis arriva le fameux "The Dark Knight" qui devint un de mes films vénérés. Blockbuster intelligent au scénario complexe et subversif, "The Dark Knight" allait concrétiser à la fois toutes mes espérances d'ado et tous mes fantasmes de cinéphile. Nolan était allé au delà de mes rêves les plus fous. Il m'avait donné le film parfait. L'ayant vu une bonne vingtaine de fois en 4 ans, j'allais forcément créditer une confiance illimitée au réalisateur brittish et lui donner une indulgence totale en cas de ratage.
Parce qu'il faut avouer qu'on y a tous pensé un peu, au ratage... La mort tragique d' Heath Ledger avait forcément bouleversé les plans de Nolan. On n'oublie pas non-plus ses hésitations en 2008 lorsque les questions sur un ultime opus se posaient. Ledger ne pouvait qu'occuper le devant de la scène dans ce troisième volet tant son personnage était devenu culte. Car ce Joker fut un des plus grand méchants de l'histoire du cinéma, allant jusqu'à presque ringardiser Nicholson dans la version de Burton. (Le Joker de Ledger a bien plus d'épaisseur et d'ambiguïté, il fait peur dans son réalisme, il fait réfléchir, fascine, entraîne des questionnements contemporains, donc oui il fout bien plus les jetons que Jack dont le personnage se contente d'évoluer dans un monde imaginaire et abstrait).
Bref, il fallait pourtant introduire un nouveau méchant susceptible de reprendre ce flambeau révolutionnaire et destructeur, c'est donc Bane qui sera choisit. Le clown avait "laissé entrouvrir les portes à l'anarchie"... on s'est donc dit que Bane allait l'étendre en embrasant Gotham. En voyant certaines images on s'était dit qu'une lutte des classes aurait sans doute lieu. L'attaque de la bourse semblait prouver que l'anarchie allait s'étendre! Sauf qu'en réalité le chaos dans Gotham se révèle moins ambigu que prévu...

Un scénario plus classique et moins dérangeant.


PS: La voix de Bane en VF est juste insupportable...
...et en VO: c'est encore pire!!

Car soyons clairs: il apparaît indiscutable que les fameux journalistes américains qui ont formulé tant de critiques dithyrambiques avant la sortie du film devaient être en réalité payés par la Warner. Bien que Nolan remplisse une fois de plus parfaitement son contrat, ce n'est pas "le meilleur film de super-héros de tous les temps". Faut pas non-plus nous prendre pour des jambons... Bane, ce nouveau vilain brutal dont on ne voit que les yeux, n'a pas le charisme du Joker. Il n'en a pas la folie, il ne procure pas de fascination, il ne heurte pas nos convictions. Bane n'est pas un individu insaisissable que l'on ne peut ni raisonner ni corrompre. Il ne fait qu'obéïr religieusement à son ancien maître Ras Al Ghul... mouais... avouez que ça fait un peu bateau... Alors que l'on s'attendait à un flamboyant bouquet final anarchique de "The Dark Knight", on a donc finalement l'impression d'assister à une simple suite de "Batman Begins" assez conventionnelle dans le contenu. Nolan s'embourbe un peu dans les thèmes sous-jacents du film. Le propos politique notamment fait Pshiiiiit. L'anarchie attendue n'est qu'une révolution d'opérette sans idéal ni cause collective orchestrée par des prisonniers mutins de Panurge dépolitisés. Bane ressemble surtout à un religieux fanatique au cerveau lavé issu d'une secte apocalyptique plutôt qu'à un leader politique. Et par dessus le marché il agit par amour pour Marion Cotillard (c'est dire s'il est lobotomisé le pauvre...) L'autre interrogation du film était l'introduction de Catwoman. Anne Hathaway campe une Selina Kyle convaincante, crédible, énigmatique et ambivalente comme il le faut. Rien à redire. Le personnage très étoffé de J. Gordon-Levitt apporte également un plus indéniable, il reprend en quelque-sorte le flambeau d'Harvey Dent en tant que chevalier blanc de Gotham, humain, droit et juste. Contrairement à Dent qui reprèsentait l'élite éclairée, il représente le citoyen "normal", l'homme de bien qui contribue à édifier une civilisation. Il en vient à presque occulter un Jim Gordon un peu fatigué et mis de coté. Il n'y a aucune référence au Joker qui brille forcément par son absence. La seule référence au film précédent est la mort d' Harvey "Two face" Dent: un évènement charnière qui aura des conséquences immenses dans le comportement du Caped Crusader et dans la figure du héros symbolique que les citoyens de Gotham ont nécessairement besoin.

   


Une apothéose épique.

Le film est légèrement inférieur à "The Dark Knight". Le scénario y est moins élaboré, moins dense, moins grinçant et tordu aussi. Mais il n'en reste pas moins bien supérieur à l'immense majorité des super-productions actuelles. La réalisation est impeccable et on prend une fois de plus une claque visuelle par Nolan qui nous offre des scènes dantesques dans la seconde partie. On retrouve aussi toujours ces séquences qui foutent les frissons et hérissent le poil. Le britannique apporte surtout une conclusion épique et méritée au chevalier noir et à son double: Bruce Wayne. Car le vrai héros du film cette fois-ci c'est bien lui. La personnalité de Bruce Wayne y est encore plus disséquée que dans les autres films. Sa relation amicale avec Alfred est poignante, sa relation avec son alter-égo masqué l'est encore plus. Batman a droit à une sortie digne dans ce cycle mythologique abouti et ancrée dans notre monde moderne. La deuxième partie du film est une apothéose qui fait entrer cette version de Batman définitivement dans la légende. L'ado boutonneux et réveur qui subsiste toujours un peu au fond de moi est rassasié. La boucle est bouclée. Aucun quidam ne pourra plus jamais avoir de ricanement moqueur lorsque j'avouerais:
"J'aime Batman".



mardi 2 octobre 2012

Dark Shadows

QUI AIME BIEN CHATIE BIEN.

2012. Tim Burton. Avec Johnny Depp, Michelle Pfeiffer, Eva Green, Helena Bonham Carter.


En 1752, Joshua et Naomi Collins quittent Liverpool, en Angleterre, pour prendre la mer avec leur jeune fils Barnabas, et commencer une nouvelle vie en Amérique. Mais même un océan ne parvient pas à les éloigner de la terrible malédiction qui s’est abattue sur leur famille. Vingt années passent et Barnabas a le monde à ses pieds, ou du moins la ville de Collinsport, dans le Maine. Riche et puissant, c’est un séducteur invétéré… jusqu’à ce qu’il commette la grave erreur de briser le cœur d’Angelique Bouchard. C’est une sorcière, dans tous les sens du terme, qui lui jette un sort bien plus maléfique que la mort : celui d’être transformé en vampire et enterré vivant. Deux siècles plus tard, Barnabas est libéré de sa tombe par inadvertance et débarque en 1972 dans un monde totalement transformé…


Ce billet sera un déversement d'acide envers un bon film qui ne mérite pas forcément tant de critiques. Mais avec Burton j'en arrive à un stade où l'agacement surpasse la fan-attitude. J'en ai un peu ras le bol d'attendre depuis des années un de ses nouveaux film-référence... Car il faut bien l'admettre: Comme beaucoup d'autres, Dark Shadows ne fera sans doute pas date dans sa filmo. Quand est-ce que tu me cloueras le bec comme avant? P'tain Timmy! C'est un fan ingrat qui te le demande!

Je vais être franc: je considère que Tim Burton est toujours porté disparu depuis 2004, voire même depuis 1999 (considérant que Big Fish est à part, tant l'auteur de ce blog a chialé comme jamais en le voyant...) Rien à faire: Après avoir vu Dark Shadows, je n'ai toujours pas retrouvé le feu sacré des années 90. J'entends par là: Edward aux mains d'argentsBeetlejuice, Batman, Sleepy Hollow, Mars Attacks. Je n'inclue pas dans cette liste Sweeny Todd, car mis à part deux scènes éblouissantes et sanglantes, visionner ce film a été une purge... Peut-être que l'aspect délicieusement vintage qui me plaisait tant dans Edward ou Beetlejuice n'est plus correctement retranscrit comme avant... (la faute au numérique?) Peut-être que l'iconoclasme de Mars Attacks n'est plus présent... Peut-être que l'esprit gothique inquiétant et limite claustrophobique de Sleepy-Hollow et de Batman Returns n'y est plus non-plus... Peut-être un peu de tout ça.

Jack Sparrow featuring Jean-Marie Poirée
Ce Dark Shadows est tout de même fort plaisant pendant plus d'une heure mais ça sent quand même le déjà-vu aseptisé. Les dernières trente minutes sont baclées, presque ridicules, on en reste immanquablement sur sa fin. Les principaux gags sont usés jusqu'à la trame, Johnny Depp se prend pour Jacquouille la Fripouille, et le scénario est si faible qu'il pourrait être écrit sur mon ticket de ciné (cela devient récurent ça aussi chez Tim...) On ne retrouve qu'à de trop rares passages l'iconoclasme burtonien d'antan mais pourtant, paradoxalement, le réalisateur fait de l'auto-citation pendant tout son film. Quand il ose sortir de son univers, Timmy se plante. Quand il reste dans son giron,Timmy sert du réchauffé. Peut-être faudrait-il aussi mettre entre parenthèses cette collaboration systématique avec Johnny Depp qui contribue sans doute à faire naître cette impression de déjà-vu? Non mais sérieux ça commence à devenir lourdingue de le voir caser son pote et sa meuf dans tous ses films... Et on a surtout la désagréable impression que Depp et HBC ne se contentent plus que d'assurer le service minimum... et c'est toujours à peu près la même prestation...

Désolé mais ça fait quand même beaucoup de petits défauts qui en forment un gros.
Alors certes on passe un bon moment dans l'ensemble, Michelle Pfeiffer, Eva Green et Chloë Moretz sont géniales, mais j'avais déjà oublié ce film le lendemain matin et ce n'est jamais bon signe... Pour moi les petites déceptions se suivent et se ressemblent depuis Big Fish. L'âge d'or semble bel et bien terminé. Timmy est fatigué. Timmy a perdu de sa poésie.

A l'instar d'Angélique Bouchard aimant Barnabas tout en le faisant horriblement souffrir, je t'aime quand même toujours Timmy. Furieusement.