Ma meuf est trop cool, elle sait me
prendre par les sentiments. De passage dans la région, elle m'offre
2 billets pour l'affiche du ventre mou de cette deuxième journée de
Bundesliga: Fribourg-Mayence. Certes c'est pas l'affiche du siècle
mais cela fleure bon l'authenticité et la bonne bataille sur le
terrain. Je reste convaincu par ailleurs que c'est en assistant à un
match de milieu de tableau que l'on peut jauger la santé d'un club
et du football local.
14H15. Arrivée au Mage Solar Stadion,
un stade à la fois avant-gardiste et old school de 25.000 places un
peu à l'écart de la jolie ville de Freiburg, au milieu de la forêt
noire. Il est avant-gardiste car le stade est quasiment
auto-suffisant en électricité, grâce à des panneaux solaires et
des centrales photovoltaïques. Old school de part son architecture
traditionnelle à l'anglaise, les tribunes étant de plus extrêmement
proches du terrain.
45 minutes avant le coup d'envoi, le
stade est déjà plein comme un œuf. Les buvettes et les stands de
saucisses tournent déjà à plein régime. On s'aperçoit aussi que
le club a sûrement vendu plus de billets qu'il n'y a de places dans
le stade. Beaucoup de gens se cherchent désespérément une petite
place dans la foule.
Les deux kops derrières les buts sont
des tribunes à placement libre et dépourvues de sièges (une
tradition Allemande). Il va donc falloir se serrer et jouer un peu
des coudes pour voir le match. Ce ne sera pas évident, mais à
l'heure où l'ambiance dans les stades français devient de plus en
plus aseptisée (à quelques exceptions près) cette ambiance
allemande respire le football populaire du samedi, le football vrai.
Celui où le soutien en tribune est fidèle et bruyant, où ça
picole joyeusement et où ça pue la sueur.
Les mecs de Mayence sont venus en
nombre dans leur parcage et braillent. Le clip officiel de l'hymne du
SC Freiburg est diffusé sur les écrans géant, reprit en cœur par
tout le stade et le moins que l'on puisse dire c'est que ça a de la
gueule! Le tout étant bien bouillant et bon enfant.
Question vision, il faudra parfois se
contenter d'une moitié de terrain. Heureusement, nos voisins font de
fréquents aller-retour pour remplir leurs gobelets de la bière
locale, pas dégueulasse par ailleurs. (Ai-je précisé qu'interdire
l'alcool dans les stades serait un crime en Allemagne).
Sur le terrain la domination de
Fribourg est stérile. Le cinquième du dernier championnat ne
développe qu'un jeu peu attrayant pour une équipe qualifiée pour
l'Europa League. Mike Hanke et Gelson Fernandes déçoivent. Près de
moi, un papy sniffe du kif pour avoir sa dose de passion. Les autres
préfèrent se rabattre sur la bière pour oublier.
Comme souvent dans ces cas là, Mainz
agit froidement et claque deux cacahuètes au retour des vestiaires
grâce à sa triplette offensive percutante Müller / Okasaki /
Zimling.
Freiburg se met alors enfin à pousser
après ce début de deuxième mi-temps apathique. Sebastian Freis,
l'espoir local réduit le score. La Südtribüne et la Nordtribüne
sont en fusion. Le papy, qui en est à sa troisième pinte, nous en
claque cinq et commence à accoster ma gonzesse. Freiburg pousse
timidement mais ce ne sera pas suffisant malgré une grosse occasion
en fin de match. Mainz l'emporte et devient coleader de Bundesliga.
Ses fans exultent. Tout le monde reprend une bière. Qu'importe la
défaite, la Bundesliga c'est définitivement de la balle.
Papy reprend une sniffée de kif, il
avoue qu'aujourd'hui le jeu fut un peu moche. Mais il nous réserve
nos places pour le prochain match en promettant que ce sera bien
mieux dans deux semaines face au Bayern.
Et il avait raison ce con. Le SCF
arrachera le nul (1-1) dans les derniers instants face aux champions
d'Europe en titre.
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